L’atelier Street Box Camera a ouvert ses portes à son tout premier stagiaire, en ce début d’été.
Antoine, étudiant en première année, à l’ENS Louis Lumière de Paris, est venu passer trois semaines à l’atelier, afin de découvrir mon métier, se familiariser avec mon rythme de travail et mon mode de vie.
Si un jour, on m’avait dit que j’allais accueillir un étudiant de Louis Lumière…
Pensez-vous, j’ai commencé en faisant le chapeau dans les rues, avec les seules prétentions de vouloir faire des rencontres, de vivre des aventures photographiques hors des chemins classiques, et de vagabonder.
Qu’une grande école de photographie désire faire un partenariat avec un artisan spécialisé dans un procédé argentique populaire venant de la rue est un signal extrêmement positif, qui ne devrait pas que me rendre heureux personnellement, mais réjouir tous les pratiquants et ceux qui ont eu le courage de vivre la photographie, différemment.
La photographie ambulante vit une belle renaissance depuis une dizaine d’année.
De procédé quasiment disparu, il est redevenu un moyen d’expression photographique et humain, à part entière, pour beaucoup de photographes, attisant la curiosité de plus en plus de personnes, à travers le monde.
Il n’y a jamais eu autant de photographes ambulants depuis des décennies !
L’enfant mal-aimé des sels d’argent commence à être enfin reconnu petit à petit pour son utilité sociale, et à se faire une place, petit pas par petit pas, dans l’Histoire de la photographie.
Après quasiment un siècle à fouler les pavés, il était temps…
On doit tout cela bien entendu aux pionniers des décennies passées, et aussi à quelques passionnés à travers le monde, qui, depuis quelques années, ont eu l’excellente idée d’échanger entre eux et de se solidariser, plutôt que de se tirer dans les pattes ; faisant ressurgir du passé, l’idéal du photographe ambulant, nomade, convivial et accessible, témoin et relais de son époque.
Celui qui passe du temps avec les gens qu’il souhaite photographier, qui se fond avec eux, le confident, celui qui souhaite s’intéresser à leur vie, qui apprend à les connaître avant de vouloir déclencher et qui souvent apprend aussi d’eux. Une curiosité quasiment enfantine, saine et salvatrice.
Il faut persévérer à reconstruire des ponts, entre nous.
Pas étonnant donc que beaucoup d’initiatives (photographie ambulante, magazines spécialisés, auto-édition, artisanat lié à la photographie) se créaient depuis quelques années, visant à amener la photographie, au plus près des gens, cassant de plus en plus les cercles ultra-codifiés, qui ne prennent plus aucuns risques. Le vent de fraicheur arrive grâce à ceux qui savent écrire dans les marges.
Au delà de la fameuse « écriture photographique », saint-graal du métier d’auteur-photographe, une question revient de plus en plus : quel est le sens de mon travail ?
Questionnement sain, et ô combien moderne.
Dans quel but, j’agis ? Qu’apporte aux autres mon travail ?
Je laisserai le soin à chacun de faire sa propre introspection le plus honnêtement possible.
L’éclair de lucidité peut parfois être douloureux, mais nécessaire pour trouver un meilleur chemin…
Pour ma part, je pense l’avoir trouvé dans la transmission des savoirs et l’artisanat.
C’est le cœur même du mot « artisan » finalement, qui, étymologiquement, veut dire « celui qui est au service des autres ».
La transmission des savoirs a toujours été très présente dans ma démarche, depuis dix ans. Comme le bricolage, le bidouillage, la création.
Elle a commencé dans les rues, s’est prolongé dans les écoles et se poursuit désormais en atelier.
Il est pour moi vital désormais d’apprendre à devenir un bon relais.
Apprendre, comprendre et transmettre, apprendre, comprendre et transmettre, etc.
Je ferais au moins un stage par an, désormais.
L’expérience s’est révélée extrêmement positive, et passionnante.
Envoyez-moi vos demandes quelques mois à l’avance, que l’on puisse s’organiser convenablement.
Merci à toutes les personnes qui ont défilé à l’atelier cet été. Que de rencontres !
Je ne m’attendais pas à autant de passage…
Merci pour les bonnes énergies et les belles discussions !
Je vous laisse avec quelques photos du stage, et un lien vers un petit reportage fait par France 3, au mois de juillet, que j’avais oublié de poster. Je pense qu’il va être visible encore que quelques jours.
C’est l’édition du 29 juillet 2020, sur le festival de La Gacilly (à partir de 13min47).
La prochaine série de Street Box Camera arrivera dans quelques jours !
Destination vers de nouveaux pays, en plus !
Prenez soin de vous.
Et soyez en paix avec vous-même.